Article de presse Source Les Echos par Pierrick Fay le 28 mars 2017
Les actionnaires salariés veulent peser dans la campagne et ils ont écrit aux candidats à la présidentielle.
La fiscalité mais aussi la gouvernance restent au cœur de leurs préoccupations.
« Engagez-vous à promouvoir le cercle vertueux de l’actionnariat salarié. » Philippe Lépinay, président de la Fédération française des associations d’actionnaires salariés et anciens salariés (FAS), a repris son bâton de pèlerin à moins d’un mois du premier tour de l’élection présidentielle. Il y a six mois, il avait déjà écrit aux candidats concernés par les primaires et cette fois-ci il récidive via une lettre ouverte, en rappelant que l’actionnariat salarié « est au coeur des enjeux sur la compétitivité, le dynamisme de l’entreprise, le renforcement des capacités d’investissement et l’implication des salarié, […] clefs d’une relance de la croissance française qui profite à l’ensemble du corps économique et social du pays ».
Dans cette lettre, le président de la FAS rappelle longuement les bienfaits de l’actionnariat salarié pour les entreprises et les avantages pour les salariés, notamment comme facteur de cohésion sociale.
Ces deux dernières années, Philippe Lépinay a le sentiment d’avoir été un peu mieux entendu par les institutions. « La FAS a été souvent sollicitée pour aborder ces questions, mais on a senti qu’il fallait remettre un peu d’essence dans le moteur » à l’approche des élections. Pour l’heure, sur les six courriers envoyés aux principaux candidats, il n’a reçu que deux réponses détaillées, de la part de François Fillon et de Nicolas Dupont-Aignan.
Mais si la FAS, qui représente « les intérêts de près de 3,5 millions de porteurs d’actions de leur entreprise », a décidé de prendre la plume, c’est avant tout parce que l’alourdissement du régime fiscal depuis 2012 commence à mettre à mal le modèle français de l’actionnariat salarié. Elle recommande donc de « ramener à 8 % maximum (contre 20 %) le forfait social sur l’abondement de l’épargne investie par les salariés en actions de leur entreprise ». La FAS propose aussi d’assortir un avantage fiscal aux entreprises dont plus de 10 % du capital est détenu par les salariés. « Un désengagement de l’Etat du capital des entreprises au bénéfice de leurs salariés ouvrirait la voie et permettrait de faire un progrès considérable vers cet objectif de 10 % », écrit la FAS. Elle insiste aussi sur l’importance de l’actionnariat salarié dans la gouvernance des entreprises, notamment en leur ouvrant la porte des conseils d’administration. « Partout où l’actionnariat salarié est impliqué, en parallèle des syndicats, il y a une meilleure valeur ajoutée. Aujourd’hui, créer de la valeur ajoutée et mieux la partager est quelque chose que l’on doit défendre », estime Philippe Lépinay.
Epargne salariale : des encours en hausse
Cette lettre est publiée alors que s’ouvre jusqu’au 31 mars la semaine de l’épargne salariale, à l’initiative de l’Autorité des marchés financiers, du Trésor, de l’Association française de la gestion financière (AFG) et de la Direction générale du travail. Un site Internet dédié, à vertu pédagogique, a été créé à l’occasion : www.epargnesalariale-france.fr. Selon l’enquête annuelle de l’AFG, à fin 2016, les encours d’épargne salariale se sont établis à 122,5 milliards d’euros (+4,3 % en un an), un record, les fonds d’actionnariat salarié représentant environ 38 % du total, à 47,2 milliards d’euros. Selon l’AFG, le nombre d’entreprises équipées d’un plan d’épargne salariale a augmenté de 3 % en un an, à 305.000, dont 300.000 PME de moins de 250 salariés.
P. Fay, Les Echos
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