A droite, les candidats à la primaire se disputent l’héritage gaulliste

Source Les Echos. Article écrit par Isabelle Ficek Le 14/06/2016

Henri Guaino, ex-plume de Nicolas Sarkozy, se lance dans la primaire au nom du « gaullisme ». Il menace de se présenter directement en 2017 s’il échoue à réunir les parrainages.

Symboliquement, François Hollande n’était pas le seul, ce lundi, à rendre hommage au général de Gaulle en se rendant sur sa tombe à Colombey-les-Deux-Eglises. A droite – où le geste du président a été très critiqué -, les candidats à la primaire se réclament tous du « gaullisme », d’Alain Juppé à Jean-François Copé en passant par François Fillon, Jacques Myard, Nadine Morano et jusqu’à Nicolas Sarkozy. En particulier au moment où l’autorité du politique est questionnée.

Ce lundi, c’est le gaulliste revendiqué Henri Guaino qui est entré dans la danse, quelques jours avant l’anniversaire de l’Appel du 18 juin. Le député LR des Yvelines, ex-plume de Nicolas Sarkozy à l’Elysée, a annoncé sur France Inter sa candidature à la primaire, car « il manque sur l’échiquier politique cette famille qui s’appelait le gaullisme ». Et ce « vide se comble par les extrêmes », a-t-il prévenu.

Cette annonce lui permet de couper l’herbe sous le pied de l’eurodéputée Michèle Alliot-Marie, qui réfléchit elle aussi sérieusement à se présenter à la primaire au nom du « gaullisme ». L’ancienne présidente du RPR, dont l’inimitié pour le favori des sondages à la primaire, Alain Juppé, est notoire, a même fondé un autre mouvement (Nouvelle France) et lancé des réunions publiques autour d’elle.

Surtout, cette candidature à la candidature – Henri Guaino a reconnu ne pas encore avoir les parrainages requis de 20 parlementaires ( « un verrou très important », a-t-il déploré) – sonne comme un cri contre le système de la primaire elle-même. Pourfendeur dès le départ de cette idée, il a dénoncé « un hold-up sur l’élection présidentielle » et s’est élevé contre « un moyen de départager trois ou quatre notables de la politique dans l’entre-soi des notables ». Il a d’ailleurs assuré qu’il se présenterait à la présidentielle si sa voix ne pouvait pas être entendue lors de la primaire. Enième soubresaut à droite d’une transition pas si aisée que cela au système de la primaire ouverte.

La pensée unique dénoncée

Mais c’est aussi un cri contre la ligne dominante des favoris à la primaire. Henri Guaino s’est ainsi emporté contre « la pensée unique », « les politiques d’austérité », souhaitant savoir parfois dire « non à nos partenaires, à l’Europe, à l’Allemagne, à l’orthodoxie financière ». Il a appelé à s’appuyer sur « la nation, la solidarité, avec le souci de la cohésion sociale, de la justice, un minimum d’ordre et avec une vision ouverte de la nation, pas repliée sur elle-même ». Cela, quelques jours après un discours de Nicolas Sarkozy dans lequel la nation avait une place majeure.

Dans les écuries de la primaire, on a tout de suite souligné, à l’instar de Benoist Apparu chez Alain Juppé, qu’Henri Guaino était « candidat à la candidature ». Manière de remettre à sa place l’ex-conseiller de Nicolas Sarkozy, qui risque surtout de ne pas aller jusqu’au bout. Reste que les thèmes qu’il a soulevés – le social, la souveraineté, l’ordre, la place de l’Etat – trouvent des échos dans un certain électorat de droite, que le FN ou des candidats comme Nicolas Dupont-Aignan disputent aux Républicains. Eux-mêmes semblent ces derniers temps y prêter davantage attention. Histoire de ne pas faire fuir davantage cet électorat-là.
Isabelle Ficek, Les Echos

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